Interview d’Hortense Lancesseur, ostéopathe animalier et technicien dentaire équin

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Interview d’Hortense Lancesseur, ostéopathe animalier et technicien dentaire équin

J’ai commencé l’École Européenne de Dentisterie Equine (EEDE) de Eghezée en Belgique en 2014. C’était une formation très intéressante sur 2 ans, avec un mi-temps en cours théorique et l’autre moitié en pratique dans différentes écuries (comme celles de Paul Schockemöhle en Allemagne par exemple). Sitôt mon diplôme en poche, je me suis inscrite à la rentrée suivante au National Institute of Animal Ostéopathe (NIAO) à Rouen. Mes études d’ostéopathie animale ont duré 5 ans, à raison de 2 semaines par mois de cours, ce qui m’a permis de commencer à travailler en dentisterie pendant ce temps et de constituer ma patientèle.

Lorsque Jimmy NAVARRO m’a contacté pour venir faire un cours sur la dentisterie dans une école d’ostéopathie, j’ai tout de suite accepté, car je suis passionnée par mon métier. J’aime en parler et discuter autour de ce sujet, que ce soit avec les propriétaires de mes patients ou avec des étudiants. J’avais d’ailleurs déjà enseigné deux ans dans une école d’ostéopathie animale à Bordeaux et j’avais adoré !

Comme vous le savez sans doute, en ostéopathie, tout est lié ! Et dans la sphère crânienne du cheval, c’est la même chose : il y a plusieurs liens anatomiques à faire via la dentisterie entre les dents à proprement parler et leur implantation dans les os du crâne (comme l’incisif, le maxillaire et le mandibulaire), ainsi que le reste des os crâniens, membranes, sinus etc. Prenons comme exemple un cheval ayant des surdents majorées d’un côté : il sollicitera une ATM plus qu’une autre, ce qui pourra à terme entraîner une dysfonction crânienne.

La bouche du cheval est très sensible. Son confort est primordial pour deux raisons majeures :

• L’alimentation, d’une part, pour qu’il puisse mastiquer et utiliser le mouvement lemniscate naturel de sa mâchoire de manière symétrique et confortable, sans restriction de mobilité et sans blesser l’intérieur des joues ou de la langue avec des surdents. Si le cheval mastique mal, les aliments arriveront dans l’estomac en tant que bol alimentaire mal insalivé par les enzymes digestives de la salive. Ceci pourra entraîner un mauvais broyage des aliments par l’estomac et par la suite une mauvaise absorption des aliments par le reste du tube digestif… et donc un amaigrissement du cheval.

• Le côté « sportif » d’autre part, car la bouche est LE lien entre le cavalier et le cheval monté (avec le bassin et les jambes du cavalier). Cet « instrument de musique » qu’est la bouche doit être bien accordé pour que la demande du cavalier puisse être comprise et acceptée par le cheval, encore une fois sans douleur, que ce soit avec le mors ou les montants du filet.

Le problème le plus courant est la surdent. Tous les chevaux du monde sont concernés à cause de l’hypsodontie (pousse continue des dents) et de l’anatomie de la mâchoire des chevaux. Les surdents peuvent être diagnostiquées par des gestes simples de palpation digitale, mais un diagnostic complet et précis ne peut être posé que par un technicien dentaire équin ou un vétérinaire formé à la dentisterie avec l’aide de l’ouvre-bouche (sans lequel il est impossible de regarder le fond de bouche par exemple).

De diverses manières… il me faudrait plusieurs pages pour tout décrire, mais c’est l’objet du cours que je propose. Prenons l’exemple d’une dent de loups à gauche (sur la dent 205 dans la nomenclature). Elle est douloureuse lorsque le mors vient s’appuyer dessus. Dans ce cas, le cheval aura tendance à rester incurvé à gauche (latéro flexion gauche des cervicales) pour mettre de la tension sur son mors uniquement à droite. Il aura tendance à tomber sur son épaule droite (entraînant des restrictions de mobilité de l’épaule droite, du garrot et du sternum), et battre à la main (c’est-à-dire élever et abaisser alternativement sa tête avec des mouvements brusques, ayant des répercussions sur sa nuque). Les allures sont souvent défectueuses, étant donné que le cheval a du mal à se porter en avant et à trouver un contact agréable avec la main du cavalier. Ce dernier aura du mal à réceptionner au bout de ses doigts la force venant du moteur du cheval, autrement dit son arrière-main. Tout cela influence de manière non négligeable la posture et les mouvements du cheval.

On peut citer notamment un amaigrissement, des difficultés, voire un refus de s’alimenter. Du point de vue du travail, le cheval sera souvent rétif, refusera le contact avec le mors, on pourra observer une baisse des performances, etc.

Il est important de réaliser pendant l’état de santé un bon examen exo-buccal (de l’extérieur de la cavité buccale donc) ainsi que le début de l’examen endo-buccal. Il convient également de poser les bonnes questions au propriétaire/cavalier durant l’anamnèse.

Hortense Lancesseur, ostéopathe animalier et technicien dentaire équin.

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